Ce texte est tiré de ma contribution "2021, vue par les experts Sapiens
« 2021, Annus mirabilis : l’épreuve de la résilience »"
Je n’aurais pas cru que mon premier roman, une dystopie qui commence par une pandémie mondiale, soit aussi proche de la réalité... et pourtant voilà, nous avons bel et bien subi cette onde de choc qu’aucun de nous ne prévoyait. Quant à l’arrivée des vaccins anti-Covid, cela aurait dû ressembler au lancement de la première fusée spatiale. En effet, la technologie employée, en embarquant une séquence ARN codant pour une protéine réceptrice virale qui active des anticorps humains, est en vérité une prouesse totalement innovante. Pourtant, cette prouesse scientifique est passée à l’as devant les problèmes de livraison, de nombre de vaccinés, etc. Gageons que la vaccination combinée à l’immunité collective croissante éteindra le feu. Les braises, elles, continueront toutefois de se consumer et après le choc et des milliers de morts, nous aurons vraisemblablement chaque année notre lot de décès, comme ce fut le cas avec la grippe (d’abord une pandémie, puis entre 2 et 4000 morts par an...)
Il n’empêche, nous avons eu un bel exemple de ce qu’est devenue notre société : refus de la mort, politique scientifique et vice-versa, incompréhension globale due non pas à un manque d’information, mais à un manque de culture...
Je n’aurais pas cru que mon premier roman, une dystopie qui commence par une pandémie mondiale, soit aussi proche de la réalité...
En 1956, Volkin et Astrachan sont les premiers observateurs de cette séquence similaire à de l’ADN (qu’ils nomment « DNA-like RNA »), mais c’est François Gros qui caractérisera le caractère de messager intermédiaire de ces molécules : le terme « ARN messager » était né. Qui aurait prédit qu’en 2020, ce terme « messager » serait récupéré à des fins complotistes, suggérant que ce vaccin était capable d’envoyer des messages, via de la nanotechnologie ? Nous en sommes pourtant là : une science qui n’est plus reconnue, car totalement incomprise d’une population qui n’a quasi jamais ouvert un livre, qui vit ses rêves en série sur Netflix et gonfle son narcissisme comme une grenouille sur les réseaux sociaux. En vérité, peu de gens savent ce qu’est l’uracile, quel est le rôle d’un ribosome ou celui du bactériophage T4 dans le transport de matériel génétique, par exemple. Ceux qui savent comprennent ce que je dis et c’est bien là le problème : nous sommes seuls à nous comprendre dans un monde qui souhaite des explications et qui n’a plus confiance. D’un autre côté, il y aurait bien quelques actions possibles pour redonner confiance. Par exemple, sommer le Lancet, une des plus anciennes revues scientifiques et peut-être la plus prestigieuse au monde, de s’expliquer sur une publication truquée...
Nous sortirons de la pandémie. Il nous faudra alors compter les dégâts et gérer la crise sociale engendrée par la crise économique elle-même engendrée par la crise sanitaire. Surtout, il faudra un programme... Partout, toujours, ce qui fonctionne est d’abord planifié. Certes, le hasard s’invite parfois, mais globalement, la planification apaise, rassure et surtout, fonctionne. On ne construit ni une maison, ni une voiture, ni un programme informatique sans plan. Et quand le but est atteint, il a pour vertu de renforcer la confiance, permettant de faire les pas suivants avec encore plus de force.
Le temps est la composante oubliée qu’il va falloir remettre au goût du jour. Le temps de l’action immédiate ne doit pas faire perdre de vue les projets à long terme pas plus qu’une élection ne devrait limiter les objectifs politiques à quelques mois. Nous sommes nombreux à attendre cette vision à long terme pour notre pays alors que, à l’instar de certaines programmations informatiques, nous sommes en mode « agile », réglant les curseurs au fil des découvertes de nouveaux problèmes.
Le temps de l’action immédiate ne doit pas faire perdre de vue les projets à long terme.
Cette correction « à la volée » est devenue une norme qui semble empêcher toute programmation à long terme en nous positionnant dans un engrenage sans fin. Or, c’est tout à fait possible (et même recommandé) de différencier les temporalités. Quel que soit le projet ou l’action, on peut définir précisément un but à long terme, mettre en place des jalons à moyen terme et définir des actions à court terme pour y arriver. Si, en Europe, nous n’y arrivons pas, rappelons-nous que la Chine a tracé sa route jusqu’’en 2049, date du centenaire de sa révolution communiste. Même si le projet des nouvelles routes de la soie prend un certain retard avec la pandémie, ce pays pourrait se relever plus vite que l’occident. Je fais donc le vœu, pour 2021, d’aborder toutes les actions selon cette triple modalité du court, moyen et long terme !
Bonne année à toutes et à tous.
Stéphan Le Doaré
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