Le dernier des rejetons de la famille des coronavirus (les coronavirus sont une famille de virus présents dans certaines espèces animales comme les chauves-souris, qui peut se transmettre à l’homme, déclenchant une épidémie lorsque ses mutations sont favorables) est la dernière information à la mode. Fini, pour un temps, le débat sur les retraites, les gilets jaunes ou l’affaire Ghosn.
Retrouver une information vue deux heures auparavant sur son fil twitter relève du miracle et le mur Facebook/Instagram, s’il était réel, pourrait jouer le rôle de ventilateur.
Les réseaux sociaux et les nouveaux médias d’information nous éduquent à la trash-info. Celle qui est sale, qui dérange, qui fait du like et qu’on peut ensuite rapidement jeter, oublier.
Google lance même un nouvel algorithme permettant de faire mémoriser à sa "home-box" nos meilleurs moments, sous-titrer nos meilleures photos. L’alzheimer numérique se profile : nous laissons notre mémoire immédiate travailler sans stocker l’information plus longtemps.
Cette sursaturation conduit à un effet pervers, celui de la confusion des temps.
Le court-terme est devenu roi face au moyen-terme tandis que le long terme passe pour le « has been » de l’histoire. De l’Histoire aussi. Car à quoi peut servir d’étudier un passé lointain dans l’immédiateté actuelle ?
C’est ainsi qu’on confond les temps, comme une mauvaise conjugaison.
Le "court-termisme" logique qui voudrait par exemple qu’on conserve une énergie nucléaire non polluante (quoi qu’on en pense) est remplacé par un effet d’annonce politique sur l'éolien et le solaire. Annonce qui aurait dû , pour faire sens, être replacée dans un moyen terne plus cohérent. Les élections priment sur le temps (et les investissements financiers) nécessaire à la recherche de solutions, au développement de nouvelles technologies. On préfère gagner les prochains électeurs, portés par des lobbies, plutôt que de planifier à long terme une vraie transition cohérente. (Rappelons que la Chine poursuit un programme balisé jusqu’en 2049). La France et l’Europe ne voient pas à plus de 3-4 ans, sur certains sujets. Surtout, on met du même côté de la balance des sujets de temps différents, nécessairement incompatibles ! Un sujet est à la fois traité comme problématique à court terme et "résolu" avec une solution viable à moyen terme. Cette solution est engagée à court terme, car c'est effectivement là qu'il faut tendre. On saute juste une étape importante !
Alors à chaque information ou décision future, je vous invite à la recadrer dans un court, moyen ou long terme, c’est un jeu bien malheureux.
Facile de dénoncer des trivialités. Mais quelles peuvent être les réponses ou les portes de sortie ? La solution pourrait bien venir de médias, libertaires, novateurs, prêts à faire regagner au journalisme ses lettres de noblesse.
Stéphan Le Doaré
@stephanledoare
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