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Stéphan Le Doaré

Culture Geek ou la négation technologique


Tech&Co, Culture Geek, vous connaissez ? Dans ces émissions de la chaine BFM, les journalistes nous présentent toutes les nouveautés technologiques (très souvent portées par des algorithmes d'Intelligence Artificielle). Culture Geek les présente sur un ton bon enfant, devant des présentateurs souvent moqueurs, parfois étonnés ou même gentiment médusés. Tech&Co fait un tour d'horizon d'un oeil plus économique, tout en lançant des brèves qui ne sont parfois pas exploitées, mais juste présentées comme telles. Dans le même temps, des émissions telles que "La méthode scientifique" de France Culture aborde pendant une heure des thèmes scientifiques avec présentation de projets doctorants, dans les domaines de l'espace, de la biologie ou de l'informatique, par exemple. Je ne vais pas ici faire un tour d'horizon des nombreuses émissions TV, radio, podcast, YouTube et autres sites web que l'on peut trouver sur le net français, et encore moins sur le net anglophone tant ces émissions se multiplient.


Analyser ces émissions apporte quelques enseignements.


Le premier, c'est que la révolution technologique bat son plein. Chaque jour, de nouvelles prouesses sont présentées. Ici on crée une chimère biologique en vue de cultiver de la peau humaine, là, un robot fait un saut périlleux (un réel exploit mathématique dont peu de gens prennent la véritable mesure en termes de calculs). Là encore, une voiture autonome écrase un cycliste tandis que telle société dépasse une nouvelle fois les mille milliards de chiffre d'affaires.


La deuxième remarque concerne la réception de ces informations. En ce sens, les réactions des commentateurs après les reportages sont éclairantes. Les rigolades ou les réactions cachent bien l'incrédulité dans le meilleur des cas, voire l'incompréhension totale du changement de monde qui s'opère pourtant devant nos yeux. On pourra constater souvent un décalage entre les technologies présentées et leur(s) application(s) qui semblent bien lointaines pour les petits français que nous sommes. Pourtant, à des milliers de kilomètres, d'autres continents ont intégré d'une autre manière ce changement majeur de société à leur développement économique national, voire supranational. Il transpire chez l'auditeur qui tombe par hasard sur ces informations un cruel manque de formation scientifique pour comprendre pleinement, complètement les avancées dans ces domaines...



Revenons sur la phrase de Poutine : "celui qui contrôlera l'I.A. contrôlera le monde". Il faudrait y ajouter celle du capitaine Nemo dans "20.000 lieux sous les mers" : "Mobilis in mobile" (Mobile dans l'élément mobile). En effet, rien ne tient dans le temps s'il n'est en mouvement. La guerre terrestre a fait place à la bataille navale. Déjà, en 524 av. J.-C., Thémistocle disait : "Qui domine les mers, domine tout le reste ». C'était vrai et ça ne l'est plus. Remplacé par les airs (cf la doctrine : celui qui gagne la bataille des airs gagnera la guerre) puis par l'I.A. aujourd'hui et en pleine discussion au sujet de qui dominera l'Espace. Ce dernier Espace, libre de toute contrainte juridique internationale (le droit international étant largué par la vitesse de développement des technologies, et ne s'étant toujours pas remis en question...on attend toujours...) est en passe d'être trusté par SpaceX et sa myriade de satellites de télécommunication qui fera passer notre nuit étoilée au rand de boule de discothèque, tant lesdits satellites sont brillants (car peints en blanc pour dissipation de chaleur, etc.).


Bref, les espaces de contrôle évoluent. Aujourd'hui, la compréhension de ce monde technologique en mouvement rapide semble un minimum pour tirer son épingle du jeu. La technologie prend le pouvoir. Dans tous les secteurs, pour qui l'a compris, c'est elle qui ouvre un nouvel âge d'or au capitalisme. Ce sont les applications concrètes des recherches scientifiques, rendues possibles par la libération de l'économie en même temps qu'une politique compréhensive et accompagnant au même tempo qui permettent les développements nouveaux, accessoirement commentés par BFM .

De nombreux pays intègrent profondément ces changements (je rappelle que 95% de la gestion de l'état estonien, qui se trouve en Europe hein, se fait de manière numérique, à la suite d'une refonte totale du système après un hacking mémorable). La France, dont le système éducatif sépare encore et toujours les sciences sociales des sciences mathématiques, oublie encore et toujours l'informatique dans la formation et oppose encore et toujours recherche et économie, ne semble pas avoir les moyens intellectuels pour comprendre ces nouveaux enjeux qui se décident en d'autres lieux. Les décisions sur ces sujets, de ce que j'en vois et rencontre en France, sont celles de dinosaures nourris au conseil de cabinets lobbyistes et à seule vision économique. Les "techniciens", les "ggeks", encensés à coup de milliers de dollars dans le monde, sont traités par-dessus la jambe, avec un lance-pierre. Mobilis in Mobile ?


Alors, si Culture Geek vous fait sourire, avoir un air moqueur, dites-vous que vous n'êtes plus dans le coup et qu'il est grand temps de "retourner à l'école"... ou de voyager.


PS: désolé pour le "placement de produit" totalement involontaire, très bien identifié à la relecture. Le média n'est bien sûr pas le propos ici ...


Stéphan Le Doaré

@stephanledoare

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