Comme l'explique le Général Desportes, l'Homme a toujours fait la guerre. Et dès qu'il a colonisé un espace, il se l'est arraché. La terre d'abord, la mer ensuite, puis l'air et l'espace. Ces quatre domaines ont fait l'objet au fil du temps de tensions, de batailles, de vainqueurs et de vaincus.
En 2013, le cyberespace devient officiellement le 5e milieu d'affrontement pour l'armée française. En 2015, Jean-Yves LEDRIAN décomplexe la France en affirmant que la guerre s'applique effectivement au cyber espace et que le hacker est le "boulet du canon". C'est en 2017 qu'est créé le ComCyber, centre de commandement militaire dédié au cyber. En janvier 2018, Florence PARLY annonce la création d'une LIO (Lutte Informatique Offensive) qui s'agrège dans la PPC (Posture Permanente de Cyberdéfense) à la LID (Lutte Informatique Défensive) : la France "montre ses muscles" et prévient que ses quel que 3000 cybercombattants sont prêts à riposter et plus seulement se défendre. Chaque armée (Air,Terre Mer) a aujourd'hui son pôle Cyber et une grande réorganisation est en cours dans le réseau IntraDef (le réseau informatique militaire français).
Ceci étant posé, il reste pour moi plusieurs inconnues dans l'équation. D'abord, chaque pays d'Europe joue cavalier quasi seul, personne ne voulant trop échanger sur ses "techniques" et sa stratégie souveraine. L'Europe se retrouve encore en ordre dispersé dans cette bataille. Au niveau national, l'ANSSI, le service Cyber du gouvernement et le ComCyber discutent et travaillent main dans la main, mais c'est tout. La grande majorité des entreprises (à l'exception des entreprises jugées "sensibles") reste sur le côté, quand on sait que les virus, eux, n'ont pas de barrières, de guerres de clocher ou de territoire. Ainsi les attaques vers les sites sensibles se font à partir du territoire lui-même, qui est ignoré dans la politique de défense. (cf mon article sur ce sujet) et qui aveugle de fait les systèmes de défense.
L'intégration du cyber dans les forces armées ne se résume pas non plus à une guerre de geek. L'intégration de systèmes d'intelligence artificielle dans les systèmes d'arme va induire des effets majeurs, en voici deux exemples :
- La guerre ira à la vitesse de l'éclair. L'idée du tristement célèbre Blitzkrieg est poussée à l'extrême. Un virus dévastateur ou un hacking de système d'arme se fera à la vitesse des câbles informatiques !
- Le pouvoir du nombre avec des techniques d'attaques de drones en essaim (à l'image d'un nuage de frelons) va complètement modifier la stratégie de riposte. Le monde militaire doit se préparer à ce genre de développements, en cours tant du côté US que chinois.
En fin de compte, on ne sait pas quelle arme pourrait déclencher une troisième guerre mondiale (entre intelligence artificielle, nanotechnologies, biotechnologies, etc..), mais on peut se rassurer : la quatrième se fera à coup de lance-pierre !
Stéphan Le Doaré
@stephanledoare
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