Au risque de déranger, il faut dire la vérité sur Palantir Technologies.
Cette société, estimée à 20 milliards de dollars en 2015, et qui pourrait selon le Wall Street Journal atteindre les 41 milliards de dollars en 2020 a établi sa réputation en étant l'outil qui a permis de retrouver Ben Laden. Son logiciel, Gotham, est en effet spécialisé dans l'analyse de milliards de données personnelles. Sa création a été largement aidée par la DARPA et son premier actionnaire, le fonds d'investissement In-Q-Tel dont les membres du conseil d'administration sont ou ont été en lien avec la CIA et la NSA (Frank Carlucci, ancien DGA, G. Bush, etc…) qui utilisent évidemment ses services.
En France, Palantir a débauché Fabrice Brégier, l'ancien directeur général d'Airbus qui en est devenu le patron de la section "France".
La DGSI vient d'annoncer la reconduction du contrat qui lie l'organe de sécurité intérieure français à cette société américaine au prétexte qu'aucune alternative n'est trouvée. Nicolas Lerner, à la tête de la DGSI, déclarait mardi dernier à l'Express : « La ligne rouge qu’on s’est fixée depuis le début, c’est que toutes les données qui sont traitées par ce système-là sont sur notre réseau interne, qui est un réseau confidentiel défense, qui est fermé ».
Premier point : Vous croyez vraiment que les algorithmes de Palantir ne sont jamais mis à jour ? Et s'ils le sont, c'est qu'à un moment donné, des ingénieurs ont accès à la base de donnée, non ?
Deuxième point : Bernard Barbier, fondateur de la direction technique de la DGSE, alertait dès mars 2019 sur ce type d’association (voir aussi "Êtes-vous bisounours numérique") : quel poids a-t-il face au lobbying américain ?
Le plus incroyable, c'est que Flaminem, une start-up française financée par sa maison-mère Baracoda et par plusieurs business-angels, a vainement tenté de prendre pied sur ce marché trusté par l'américain. La DGA a préféré travailler avec de grands groupes de services (Atos, Cap Gemini, ou encore Thales et Sopra Steria pour son programme d'analyse de données massives nommé Artémis), au lieu de financer et de pousser le projet français présenté par Flaminem.
Il ne faut pas s'y tromper, les problèmes sont connus et dénonçables :
1. Certains dirigeants ne sont pas au fait de la lutte pour la suprématie du contrôle des données. Ces sujets vitaux en termes de défense sont incompris et il en résulte des décisions comme celle de reconduire Palantir.
2. Au vu d'une telle inertie sur le sujet, il existe à mon humble avis un accord "tacite" entre la France et les Etats-Unis. La France doit rester le vassal des Américains et des pressions sont exercées pour que Palantir reste le cheval de Troie des Américains dans un système d'information qui devrait être pourtant souverain.
Pour finir, ceci est en complète contradiction avec les dernières déclarations du président Macron sur le sujet Cyber dans l'Europe ...
Alors, qui négocie ? Qui signe ce type de contrat ?
Je demanderais bien une enquête, tiens ...
@stephanledoare
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