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Pacifique + Terres rares

Stéphan Le Doaré

La France possède la deuxième surface de ZEE au monde (Zone Économique Exclusive, nationalisation d'un espace maritime par un état côtier qui peut y exercer des droits souverains). Le contrôle d'une ZEE donne des droits comme celui d'en exploiter les ressources (pêche, fonds marins, etc...). Et c'est encore de ces galopins de Chinois et d'Américains dont je vais parler. L'Australie, par exemple, s'interroge sur les volontés expansionnistes des Chinois dans le Pacifique. Elle a voté en 2018 une loi contre l'ingérence étrangère, peut-être en forme de protection face à l'arrivée des capitaux chinois au Vanuatu pour offrir à cette petite île des infrastructures (200 millions de dollars tout de même) en contrepartie de l'exploitation des ressources minières. Notons aussi une aide au développement pour les iles Fidji (2014) et en Papouasie Nouvelle-Guinée. La Chine tisse des partenariats avec 8 pays du Pacifique ayant des ressources piscicoles, mais aussi des ressources subaquatiques en minéral.



De leur côté, les sénateurs américains ont souhaité voter à l'ONU une résolution pour privatiser des zones maritimes sous prétexte de contrôler des pollutions, ce qui ne semble pas très crédible pour le gouvernement actuel. On penchera plutôt pour un souhait de contrôler ces territoires. Car la gestion américaine des grands fonds est monopolisée par le Pew Charitable Trust, qui coordonne la protection des Océans. Ce fond fait du lobbying sur les sujets de pêche excessive/durable, de lutte contre le réchauffement climatique via une entité de recherche et un think tank, le Pew Research Center. Ce fonds de pension a réussi à faire créer de réelles zones d'exclusion, des aires protégées, parfois sur l'intégralité d'une ZEE. Si on regarde son capital, Pew dispose d'environ 4 à 6 milliards de dollars provenant de sa fondation, financée par un géant de l'informatique, HP ! Et seuls 300 millions de dollars sont consacrés à son action, dont 100 millions sur les fonds marins. Le reste est réinvesti via un hedge fund dans de la spéculation, en partie sur des entreprises du secteur minier !

Ainsi, sous couvert d'actions écologiques pour l'américain Pew, ou par le biais d'investissements pour les Chinois, ces deux pays se prépositionnent pour pouvoir exploiter les terres rares découvertes dans les fonds marins, le jour où la technologie d'excavation sera au point (elle ne l'est pas à ces profondeurs).

La bataille du fond des océans, qui se déroule également dans d'autres régions du globe (notamment aux pôles) porte sur les minerais constitutifs des ordinateurs, smartphones, etc... indispensables pour faire tourner un algorithme d'intelligence artificielle. Comme je le disais en introduction, la France possède la deuxième ZEE au monde en terme de surface. Saurons-nous jouer cette carte d'extraction de terres rares, future richesse endormie au fond des mers ?


Stéphan Le Doaré

@stephanledoare

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